Suite à cet épisode de la colombe
auto-domptée pour raison de survie
et rassuré pour notre retour
sain et sauf,
nous arpentons le trottoir
afin de rentrer dans le vif du sujet
et laisser derrière nous la place de la Liberté
...une femme âgée nous aborde
elle n'a aucune idée de notre nationalité
elle sait que notre guide est là
pour nous rapporter ses propos.
Le peu d'arménien qui me reste,
de ma langue maternelle,
me suffit pour comprendre
que cette femme nous remercie de tout coeur
d'être venus en Arménie
C'est elle... qui nous souhaite Bonne Chance
Et elle prie Dieu
afin qu'il prenne soin de toute notre famille...
c'est le monde à l'envers!!
Que dire à cette femme démunie de tout
dans cette ville encore meurtrie
où chacun essaye de survivre
derrière une pudique détresse
et un espoir qui ne l'est pas moins ?
Nous sommes désemparés
devant des situations pareilles
difficile de trouver les mots
et c'est à coup de "chenoragaloutyoun",
comprendre "merci",
et de sourires pleins d'empathie
et de reconnaissance
que nous répondons.
Notre conscience en prend un coup...
...et remet les pendules à l'heure!
Sans transition nous voilà plongés
dans les quartiers encore agonisants
de Gyumri.
Ce dédale d'immeubles soufrants encore
du séisme de 1988
Une ville aux mille blessures
Fissurée à tous les coins de rues
Des plaies béantes et impressionnantes...
Non ce n'est pas un rêve mais la réalité !
Où que notre regard se dirige
née une cicatrice
Même le non vivant semble palpable
sa vie est intérieure
Gyumri souffre en silence
On est ingénieux par la force des choses
L'électricité est un vrai casse tête
mais çà fonctionne...
Ne croyez surtout pas que ce bâtiment délabré
est une ruine...
Comment ne pas être ému devant tant de gravité
Au fond de ce couloir
Les arrière cours où seule
la végétation
a évolué
Au sortir du même couloir
Un logement habité !
Comme cette rue...où rien n'a changé
sauf cette apparition
entre une voiture et un arbre
Non, une fois de plus vous ne rêvez pas!
L'habitant n'a pas le désir de baisser les bras.
Il a bien décidé de survivre
Coûte que coûte
La vie continue jusque dans les rues...
...les anciens bavardent
Cet autre est bien décidé à transporter ce tuyau
Jean Bernard l'a immortalisé de profil
dans le contexte de la rue...
impréssionnant!!
Aucun laisser aller dans le comportement,
ni chez cet femme
Encore moins chez cette jeune fille
Ou cette maman avec sa petite fille...
A Gyumri on continue à vivre avec dignité